Interview Paru hier
Ma petite entreprise

Les dirigeants en selle

Trois chefs d’entreprise savoyards ambitionnent de monter, dès 2026, une équipe cycliste professionnelle, exclusivement financée par un peloton de TPE-PME de toute la France. Et c’est bien parti ! Les explications de Michaël Amand, l’un des instigateurs du projet.

Le staff actuel avec notamment Vincent Lavenu (2e en partant de la gauche) Michaël Amand (3e) et Emeric Ducruet (4e) © Ma Petite Entreprise

Comment est née cette idée de lancer d’abord une, puis deux, équipe(s) de cyclistes professionnel(les) ?

Nous sommes trois dirigeants de PME*, cyclistes et passionnés par la discipline. Nous trouvions frustrant de voir que les petites “boîtes” n’étaient jamais mises en avant dans le cyclisme professionnel, monopolisé par de grands groupes. Nous avons donc imaginé la création d’un grand collectif de TPE/PME pour financer d’abord une puis deux équipe(s) de cycliste(s) professionnel(les) française(s), pour défendre ainsi des valeurs qui nous rassemblent – persévérance, créativité et dépassement de soi – et fédérer autour du vélo. Nous l’avons baptisé Ma Petite Entreprise (MPE).

Concrètement, que comptez-vous faire ?

Nous voulons mettre en lumière les petites entreprises de France en les unissant autour du vélo et ciblons avant tout des dirigeants de TPE et PME (moins de 50 salariées) qui peuvent rejoindre le peloton à partir de 750 euros hors taxes par an. Nous voulons ainsi permettre au plus grand nombre de passionnés possible d’accéder au projet sans impacter les trésoreries. Plus nous serons de fous et plus nous allons rire de nos plaisirs collectifs. Nous travaillons depuis deux ans pour passer de notre idée à un projet réalisable qui a d’ores et déjà séduit Vincent Lavenu, ancien coureur cycliste français, ex-dirigeant fondateur, en 1990, de l’équipe AG2R Citroën, devenu notre parrain bénévole.

Que proposez-vous en échange de l’investissement des entreprises ?

Un outil de communication. Nous voulons fonctionner comme un club d’entreprises et comme un média. Nous voulons utiliser l’équipe pour rayonner. Certes tout le monde ne pourra pas avoir son logo sur l’équipement, mais les contributeurs auront accès à des événements tout au long de l’année, organisés des veilles de courses par exemple ou chez l’un ou l’autre de nos membres. Ils intégreront l’annuaire de Ma Petite Entreprise, pourront bénéficier d’un réseau convivial, de différents avantages, d’informations, d’un kit média pour leur communication externe, d’un maillot édition spéciale…

Nous avons d’ores et déjà lancé un “prologue” à Paris pour présenter le projet chez un de nos partenaires devant une soixantaine de personnes, avec un succès qui m’a ému. Nous avons ressenti chez les participants l’envie que nous réussissions. Le fabricant de vélos haut de gamme Factor Bikes nous a par ailleurs d’ores et déjà rejoints, séduit lui aussi par cette dynamique collective. Tout comme l’équipementier textile Rosti France-AMD.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Nous estimons à 1,5 million d’euros le capital nécessaire pour lancer confortablement, dès 2026, une équipe féminine de 12 sportives et son staff. À ce jour, nous avons réuni un bon tiers de la somme auprès de 400 entreprises de tous secteurs d’activité, qui représentent la France et la diversité de son tissu entrepreneurial. Des professionnels libéraux sont également partie prenante. Nous avons une belle dynamique autour de ce projet qui fédère et dispose instantanément d’un vrai capital sympathie. C’est une vision décalée qui interpelle. Notre but est de grandir petit à petit. Pour l’instant, nous respectons nos objectifs et de nouvelles entreprises adhèrent tous les jours. C’est magique ! Nous commençons aussi à être sollicités par du grand public et réfléchissons à la manière de l’intégrer aussi, avec l’aval de nos adhérents.

Une équipe féminine en 2026 donc. Quid d’une équipe masculine ?

Nous espérons lancer notre équipe masculine en 2027, l’année où la France, et la Haute-Savoie en particulier, organisera les “super” championnats du monde de cyclisme UCI. Et nous sommes confiants. Cela semble tout à fait jouable si les dirigeants continuent à nous rejoindre au rythme d’aujourd’hui.

En parallèle, nous travaillons bien sûr sur un organigramme et sur la constitution d’un groupe à qui donner les clés pour gérer MPE au quotidien. Nous pensons démarrer avec cinq à six salariés. C’est un projet ambitieux, nous avons un vrai modèle économique en place et réfléchissons déjà aussi à d’autres moyens de financement (événementiel, produits dérivés…). Nous voulons pédaler pour l’entrepreneuriat français et espérons bien prendre le départ du Tour de France en 2030.

*Émeric Ducruet (Co-gérant Alpes Communications Systems, Chambéry et co-fondateur Le pain de Mayou, Saint-Jean-de-Chevelu), Michaël Amand (Président IDIX Mouxy, agence de communication, Aix-les-Bains, Paris et Nantes) et Simon Savre (Fondateur de Monsieur Bike, dédiée à l’univers vélo, Chambéry).

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HélèneVERMARE pour RésoHebdoEco