Interview Paru le 28 janvier 2025
PHILIPPE RIVIÈRE

co-fondateur de ACI, Alliance de Compétences Industrielles

ACI, Alliance de Compétences Industrielles, groupe de sous-traitance industrielle, actif dans les domaines stratégiques de l’aéronautique, de la défense et de l’énergie (180 millions d’euros de chiffre d’affaires) propose aux start-up de venir tester leurs prototypes dans ses usines. Une alternative au départ à l’étranger.

Philippe Rivière

En quoi consiste votre offre Magma Tech & Factory qui s’adresse aux start-up industrielles ?

Depuis 2023, nous mettons à disposition des start-up industrielles nos compétences sur l’ensemble de la chaîne de valeur industrielle. L’engineering, avec les ressources de notre bureau d’études qui compte 20 personnes, à Paris. Et la fabrication, avec la réalisation de prototypes, voire même, dans certains cas, de séries, dans l’un de nos 33 sites industriels où nous pouvons mettre à disposition des machines. Nous avons actuellement des contrats avec une dizaine de start-up dans les domaines de l’aéronautique, de la robotique, de la mobilité et de l’énergie. La plupart d’entre elles en sont au stade de l’engineering, sauf deux qui ont atteint le stade du prototype. L’accélérateur de Bpifrance, la banque publique d’in­vestissement, propose notre offre aux start-up qu’il accompagne. Mais aujourd’hui, nous sommes contraints de faire des choix tant les start-up sont nombreuses à nous solliciter.5

Comment ce programme Magma Tech & Factory s’intègre-t-il dans le modèle économique et le projet d’entreprise d’ACI ?

Dans nos relations avec les start-up, tout est possible. Nous n’avons pas un modèle unique et pré-établi ; nous nous adaptons. Certaines start-up qui ont suffisamment de moyens et préfèrent rester autonomes paient une prestation. Avec d’autres, il peut y avoir une prise de participation de notre part : c’est le cas pour quatre ou cinq d’entre elles. Mais nous ne sommes pas un fonds d’investissement ; notre but n’est pas de multiplier les prises de par­ticipation minoritaires dans des start-up. ACI est et reste un groupe à vocation industrielle. Certaines de ces start-up pourraient-elle l’intégrer ? Là aussi, cela dépend. Par exemple, en matière de process industriels, nous sommes spécialisés dans la production de petits ou de moyens volumes. Nous ne sommes pas organisés pour des activités qui impliqueraient des volumes importants.

Finalement, le programme dépasse l’enjeu de votre seule entreprise ?

Avec ce programme, nous voulons contribuer à conserver le maxi­mum de start-up industrielles en France. Nous l’avons constaté dans l’histoire d’ACI : lever des fonds industriels en France est ex­trêmement compliqué ! Le plus souvent, les start-up ne parviennent pas à lever les fonds suffisants pour réaliser des prototypes. C’est même la principale raison pour laquelle une très grande majorité d’entre elles part à l’étranger, après avoir achevé ici la phase de recherche et développement financée, me semble-t-il, par des dispositifs comme le crédit impôt recherche. Notre objectif est de conserver les savoir-faire industriels sur le territoire et aussi, de ne pas passer à côté des filières du futur. D’une certaine manière, il s’agit de réconcilier la French tech et la French fab... Nous nous mobilisons aux côtés d’acteurs comme les Forces Françaises de l’Industrie, ou Origine France Garantie pour travailler ensemble à ces enjeux collectifs.

Anne DAUBRÉE